Jean Pierre Couteron:
''De la double vie à la seconde vie Il serait réducteur de limiter la sortie de l’addiction au seul processus de dés-adhérence des effets des substances psychoactives, à la seule suppression du produit. Pour l’éviter, ainsi que les rechutes auxquelles cela participerait, il faudrait s’ouvrir à l’intérêt qu’une « seconde vie » succède à l’épisode addictif. Le souhait d’une «nouvelle» vie accompagne la trajectoire de l’addict : entre les souhaits «qu’il reparte d’un bon pied» et autres invitations « à tourner la page », «à regarder devant lui », etc., cette insistance à changer de vie est un piège qu’il faut désamorcer. Elle participe aussi de cette dimension spirituelle de l’addiction avec laquelle les professionnels sont peu à l’aise, la laissant trop facilement à ceux qui en font leur miel, soit dans des dérives sectaires, soit dans les aspects les plus cyniquement mercantiles du marché du bien-être. Car dans l’espèce humaine, l’usage de substances psychoactives a aussi souvent des enjeux en lien avec le jeu désir/plaisir et la conscience du statut de mortel. D’où l’impact de ces événements de vie, accidents, décès et autres maladies qui nous y confrontent, plus ou moins traumatiquement. Sans non plus compter le lien entre les débuts d’usage et l’adolescence, période où ces questions émergent pour la première fois.''
https://stm.cairn.info/revue-journal-de-l-hypnose-et-de-la-sante-integrative-2024-3-page-66?lang=fr&tab=premieres-lignes